10 Février 2023
Le Parlement Jeunesse est une fontaine sur une grande place. J’y vais boire afin de m’hydrater, lorsque j’ai soif de nouvelles idées. Mais je ne suis pas seul à cette fontaine, il y a beaucoup d’autres personnes qui ont soif d’apprendre, de découvertes, de rencontres. Nous sommes nombreux.ses à nous y rendre, nous discutons, échangeons, tu n’es jamais seul autour de la fontaine. Voilà ce que représente le Parlement Jeunesse : un espace de rencontre, où chacun peut rester aussi longtemps qu’il/elle le souhaite. Un espace libre, ouvert au curieux.ses et aux personnes qui se cherchent du sens. Une fontaine, où chacun peut y trouver réconfort, confiance, respect, et bienveillance. Une bulle d’oxygène dans un océan anxiogène.
Après 5 simulations vécues en Belgique et 3 en plus à l’étranger, je ne compte plus trop les souvenirs qui me restent en tête. La particularité du Parlement Jeunesse est que c’est un incubateur à souvenirs. Un qui par contre reste avec moi remonte à ma deuxième simulation. Mon rôle faisait que j’étais principalement en dehors de l’hémicycle. J’étais assis dans les tribunes (chez nous, les tribunes pour les visiteurs.euses se situent au-dessus de l’hémicycle) et je regardais les débats. J’étais encore jeune à l’époque, je devais avoir 19 ou 20 ans, et je me souviens que je me sentais satisfait. Pas de cette satisfaction que les choses autour de toi se passent bien, mais plutôt de cette satisfaction où tu es en paix avec toi-même, heureux d’être là, pleinement connecté aux autres autour de toi et à ce qui est en train de se passer. Une satisfaction bienfaisante et apaisante, qui m’accompagne à de nombreux moments de ma vie depuis. J’ai appris au Parlement Jeunesse à me poser, prendre le temps, échanger et à être en paix avec moi-même. J’ai appris que j’étais capable de faire plus qu’étudier, que moi aussi j’étais digne de penser, d’avoir mes opinions, de réfléchir sur des sujets complexes. J’ai appris au Parlement Jeunesse que la pensée est l’affaire de tous.tes.
Pour cette question, j’ai demandé aux plus anciens de me partager leur point de vue. Voici ce que ça donne :
J’espère avoir amené chacun.e à s’interroger sur la raison qui pousse les jeunes à s’investir, à prendre conscience de la nécessité de se battre pour ses idées mais aussi de laisser la place à autrui pour grandir et apprendre.
De temps à autre, je fais des rêves prémonitoires. Je rêve de personnes que je ne connais pas, de lieux inconnus, de situations inédites, qui se produisent de temps à autre. J’en suis venu à penser que ce que nous nommons la destinée n’est jamais qu’un grand arbre, pour reprendre la métaphore de maître Yoda : toutes nos décisions sont des branches sur cette arbres, et il grandit, dans une direction plutôt qu’une autre, en fonction des choix que nous faisons. La feuille qui pousse sur une branche, s’inscrit dans un continuum, elle n’est pas indépendante, car elle dépend de la branche avant elle, qui elle-même dépend d’un tronc. Où ce situe le Parlement Jeunesse sur cette arbre ? Est-il éloigné des racines ? Est-il un enchevêtrement de branches ?
Je pense qu’il répondait à un besoin à l’époque, celui d’apporter du sens à ma vie, de me prouver que j’étais capable de faire autre chose que simplement étudier, réussir des examens et que tout le monde soit content pour moi. Par ailleurs, le divorce de mes parents 2 ans plus tôt avait affecté l’état de la relation avec mon père et ma belle-mère. Mon père ayant eu une relation avec ma belle-mère, hors mariage pendant 3 ans, je supportais difficilement de les voir tous les deux se pavaner pendant que ma mère avançait dans sa vie sans la reconnaissance de la force qu’il le faut pour te séparer de ton conjoint depuis plus de 16 ans. Le Parlement Jeunesse m’aura non seulement permis de trouver du sens à mes engagements divers, mais aussi à beaucoup plus apprécier la lâcheté de l’adultère et la force de ma mère, grâce aux nombreuses féministes que j’ai rencontrées et qui m’ont mises sur la voie de la déconstruction. Je suis heureux de mon expérience au PJ, et j’estime présomptueux de penser que je mériterais autre chose, et que cet autre chose me rendrait plus heureux. Satisfaisons- nous de ce que nous avons, et certainement du privilège d’avoir fait 9 simulations. Tout ce que j’espère, c’est de pouvoir apporter au PJ ce qu’il lui faut pour poursuivre dans sa voie.
J’en ai 3 ! Le premier concerne les interventions. Il ne faut pas faire de grandes analyses grandiloquentes pour faire une « bonne » intervention. Il faut un peu d’humour certes, une image ou métaphore pour aider les gens à comprendre mais surtout, il faut des arguments de fond. Ces arguments de fond ne peuvent être obtenus que si le projet est travaillé, que tu l’analyses et détricotes les articles. Il faut aussi lire des articles scientifiques et académiques, prendre de la hauteur et toujours se demander « dans quel sujet académique/scientifique est-ce que je peux placer mon argument ? ». Cela te permettra de prendre de la hauteur et de ne pas perdre le projet de vue.
Le second concerne la manière d’écrire des amendements. J’ai vu beaucoup d’amendements passer et beaucoup avaient le même défaut : être imprécis. Khalil Gibran disait « les mots sont éternels, tu devrais les dire avec la conscience de leur éternité ». Utilise des mots précis, si le mot a un sens vague dans le cadre du projet, ajoute un alinéa et défini le. N’utilises pas de définition académique trop longue et elle-même floue, qu’il te faudra définir par après. Ecris ton amendement de telle sorte à ce que chaque article réponde toujours à un objectif clair. Ton amendement répond à un problème, ses articles permettent de le mettre en pratique.
Le troisième concerne l’approche par rapport à un texte juridique. Un projet est toujours écrit avec une situation « idéale » en tête. Le débat peut avoir lieu si la situation idéale est désirable ou non, et si les prémisses sont correctes, mais il peut aussi se produire lorsqu’on demande « mais que se passe- t-il si la situation idéale ne se produit pas ? ». Autrement dit, quid lors d’une exception ? Le projet couvre-t-il celles-ci ou permet-il une couverture de celles-ci ? Est-on d’accord ? Et cette « exception » ainsi produite, est-elle vraiment l’exception ou simplement une norme déguisée comme telle ? Il y a de nombreuses manières de questionner un projet, souviens-toi que ton objectif c’est de l’améliorer, pas de rendre plus amer.
J’ai eu l’immense plaisir de participer à votre 5ème simulation en 2022. Autant dire que je me suis senti chez moi. Et même s’il est vrai que j’ai un rapport très particulier avec l’Italie, étant donné qu’il s’agit d’une partie de mes racines, je me suis aussi bien senti aussi grâce à l’accueil que j’ai reçu, aux rencontres que j’ai pu faire et à la semaine incroyable que j’ai passée. Par ailleurs, je m’y suis fait des amis et amies avec qui je garde contact et que j’espère revoir ça et là. Un peu comme avec les autres Parlements Jeunesses, le CJV est aussi un lieu de rencontre où il fait bon vivre, dans une ambiance ouverte, chaleureuse et tolérante.
-Thomas Ravanelli
