Cahiers démocratiques

1er Janvier 2023

« Cahiers démocratiques – Outils du citoyen pour un présent troublé » a été la première journée de formation organisée par le Conseil des Jeunes Valdôtains et, en tant que telle, représente une étape importante dans la vie de l’association. Le travail de la Commission « CJV dans les écoles » et la collaboration avec un professeur jeune et talentueux, Alessandro Rosanò, et un représentant de premier plan de la scène académique suisse, Frédéric Esposito, ont produit deux interventions qui, tout en abordant des thèmes complexes et de large portée, ont toutefois suscité l’intérêt soit du public dans la salle soit de celui en ligne.

L’intervention du professeur Rosanò a porté sur un problème fondamental de l’Union Européenne, c’est-à-dire la crise de l’État de droit. Elle est en cours depuis désormais plusieurs années dans certains Pays membres, notamment la Pologne et l'Hongrie. D’un côté, le discours a illustré les différentes violations commises par les gouvernements des deux États, en particulier celles qui ont miné l’indépendance du pouvoir judiciaire. De l’autre, le professeur a mis en évidence l’inefficacité des mécanismes prévus par les Traités pour contraster ces phénomènes et le manque, du côté de la généralité des membres de l’UE, d’une volonté politique claire visant à combattre ces dérives autocratiques.

La conférence du professeur Esposito était composée d’une série d’analyses de grande envergure, relatives aux défis auxquels la démocratie contemporaine doit faire face, notamment ceux posées par la révolution numérique. Le désenchantement à l’égard de la démocratie traditionnelle, les propositions de la démocratie électronique pour une interaction rapide et constante entre les citoyens et l’État ou la perception de l’UE comme une réalité distante mais, en même temps, nécessaire dans notre contexte politique et économique : résumer cette intervention, qui proposait plein de pistes de réflexion sur le rapport entre les TIC et le fonctionnement de la démocratie sur le plan national aussi bien que sur celui supranational, seulement en quelques lignes, signifierait lui faire un très mauvais service. Parmi les plusieurs questions proposées, j’en soulignerais une en particulier : « est-ce que, au niveau de l’UE, la création de nouvelles modalités de vote et de participation électronique ne favorisent- elles pas le passage à la démocratie supranationale européenne, en donnant aux institutions européennes la légitimité qu’elles, évidemment, n’ont pas obtenus jusqu’à présent ? ». Au-delà de la sensibilité de chacun.e d’entre nous, il s’agit d’un très bon exemple du niveau qui a été atteint par la discussion suscitée par l'intervention.

En concluant, le but de la formation ne pouvait pas être celui de donner, voire d’imposer, des réponses nettes aux nombreux problèmes de notre époque. Au contraire, en accord avec la mission de notre association, on espérait réorganiser les idées concernant ces thèmes et identifier des points de départ pour des raisonnements et des débats qu’on pourrait poursuivre en tant qu’activistes, chercheurs ou « simples » (mais fondamentaux) citoyens actifs et curieux. Vue la qualité du travail accompli, on peut être optimistes que cet espoir correspond à la réalité. Ainsi, on peut remercier et féliciter ceux et celles qui ont eu la possibilité et l’envie de participer à cette journée enrichissante.

- Texte de Samuele Cavana